Flora di luna

Flora di luna Cane Corso

Cane Corso

a lire avant d'adopter un chien.

Actualité publiée le 31/07/2014
Quand j'étais un chiot, je t'amusais avec mes



cabrioles et je te faisais rire.



Tu m'appelais ton bébé, et ceci malgré



plusieurs chaussures grignotées,



sans oublier quelques coussins déchiquetés.



Je suis vite devenue ta meilleure amie.



Chaque fois que je faisais une bêtise,



tu agitais ton doigt en me demandant ''Comment t'as pu ?''



- mais tu me pardonnais vite et tu me faisais



de gros câlins.



J'ai mis un peu plus de temps que prévu avant



de devenir propre parce que tu étais très occupé,



mais nous y sommes arrivés à la fin.



Je me souviens de ces nuits tout près de toi,



dans ton lit où j'écoutais tes confidences



et tes rêves les plus secrets, et je croyais que



la vie ne pourrait pas être meilleure.



Nous avons fait de longues balades et des jeux



dans le bois, des balades en voiture, des pauses



pour manger une glace (je n'avais droit



qu'au biscuit parce que la glace est mauvaise



pour les chiens, à ce que tu disais) et



je faisais de longs sommes au soleil



en attendant que tu rentres le soir.



Peu à peu tu as commencé à passer plus de temps



au bureau, et plus de temps à chercher



une compagne. J'étais patiente, je t'attendais



sagement à la maison, je t'ai réconforté



après les déceptions, quand tu avais le coeur brisé,



je ne t'ai jamais grondé quand tu prenais



la mauvaise décision, et je te faisais une



de ces fêtes quand tu rentrais !



Et puis tu es tombé amoureux.



Elle, maintenant ta femme, n'aime pas les chiens,



mais je l'ai accueillie dans notre maison,



essayé de lui montrer de l'affection, et lui



ai obéi. J'étais heureuse



parce que tu étais heureux.



Et puis les bébés sont arrivés et j'ai partagé ta joie.



Ils me fascinaient, tout roses, avec leur



odeur particulière, et je voulais aussi



être leur maman. Seulement, elle et toi aviez peur



que je leur fasse du mal, et la plupart du temps,



j'étais punie et renvoyée dans une autre pièce,



ou dans ma niche. Ah ! comme j'aurais voulu



les aimer, mais je suis devenue une prisonnière



de l'amour.



Quand ils ont commencé à grandir, je suis



devenue leur amie. Ils s'accrochaient à ma fourrure



et se servaient de moi pour se mettre debout



sur leurs petites jambes instables, ils mettaient



leurs doigts dans mes yeux, ils fouillaient mes



oreilles, et m'embrassaient sur le museau.



J'adorais tout d'eux, quand ils me touchaient,



parce qu'à ce moment là, c'était rare que toi



tu me caresses encore, et je les aurais défendus



avec ma vie en cas de nécessité.



Je rentrais en cachette dans leur lit et je



partageais leurs soucis et leurs rêves



secrets; ensemble nous attendions l'arrivée de



ta voiture.



Autrefois, quand les gens te demandaient si tu avais



un chien, tu sortais de ton portefeuille une photo



de moi et tu racontais mes exploits.



Ces dernières années tu répondais seulement ''oui''



et tu détournais la conversation.



Je n'étais plus ton chien, j'étais devenu ''un'' chien,



et tu commençais à regretter l'argent dépensé



pour moi.



Maintenant, tu as l'occasion de faire avancer



ta carrière dans une autre ville, et toi et eux vous



allez habiter un appartement où les chiens ne sont



pas admis. Tu as pris la bonne décision pour ta



famille, mais il y avait une époque où c'était



moi ta seule famille.

J'étais heureuse quand tu m'as mise dans la



voiture, jusqu'au moment où nous sommes arrivés



au refuge. Ca sentait les chiens et les chats, la peur,



le désespoir. Tu as rempli les papiers et tu as dit que



tu étais sûr qu'ils allaient me trouver une



bonne maison. Elles ont haussé les épaules et



t'ont regardé tristement. Elles connaissent la



triste vérité : les difficultés de placer un chien qui



n'est plus tout jeune, même un chien avec des



papiers en règle. Tu as été obligé d'arracher les



doigts de ton fils qui restaient accrochés



à mon collier, pendant qu'il hurlait ''Non, papa,



s'il te plaît, ne les laisse pas prendre mon chien !"



Et je me suis inquiété pour lui, de la leçon que



tu venais de lui donner sur l'amitié et la



loyauté, l'amour et les responsabilités, le respect



de la vie, de toutes les vies. Tu m'as tapoté



gentiment la tête, en guise d'adieu, en évitant bien



de me regarder dans les yeux et tu as refusé



de prendre mon collier et ma laisse. Tu étais en



retard - un rendez-vous - maintenant moi aussi,



j'en ai un.



Quand tu es parti, deux gentilles dames ont dit que



tu savais sûrement, il y a quelques mois déjà, que



tu allais déménager, mais que tu n'as pas cherché



à me trouver une autre famille. Elles ont secoué



la tête et se sont demandées



''Comment t'as pu ?''



Elles nous traitent aussi bien que possible,



ici au refuge, compte tenu de tout le travail



qu'elles ont. Elles nous nourrissent, bien sûr,



mais depuis quelques jours, je n'ai plus faim.



Au début, dès que quelqu'un passait devant ma cage



je levais la tête, dans l'espoir de te voir - pensant



que tu avais changé d'avis - que c'était un



mauvais rêve - ou j'espérais que ce serait



quelqu'un qui m'aimerait, qui prendrait soin de



moi, me sauverait. Quand je me suis rendu



compte que je ne pourrais pas rivaliser avec



les autres chiots qui folâtraient pour



attirer l'attention, je me suis retiré dans un coin de



la cage et j'ai attendu.



J'ai entendu ses pas quand elle est venue me



chercher à la fin de la journée, et je l'ai



suivie docilement dans une autre pièce.



Une pièce tranquille, silencieuse. Elle m'a mise sur



la table et elle m'a frotté les oreilles, elle m'a



rassuré, elle m'a dit de ne pas m'inquiéter.



Mon coeur battait à tout va en pensant à ce qui



allait venir, mais j'avais aussi un sentiment



de soulagement. La prisonnière de l'amour n'avait



plus de jours devant elle. Telle est ma nature, je



me faisais plus de soucis pour cette femme.



La charge qui pèse sur elle est lourde, ça je



le sais, comme je devinais autrefois chacune



de tes humeurs. Doucement, elle a mis le



garrot autour de ma patte, une larme coulait sur



sa joue. J'ai léché sa main, tout comme je



te réconfortais, il y a tant d'années de ça. Elle a



mis l'aiguille dans ma veine, en professionnelle.



Quand j'ai ressenti la piqûre et le liquide froid



qui gagnait mon corps, je me suis allongée,



je l'ai regardée dans ses yeux si gentils, et j'ai



chuchoté ''Comment t'as pu ?''



Peut être parce qu'elle,elle sait..

je pars loin ou je ne serais pas abusée,

ni abandonnée, où je ne devrais pas



me défendre toute seule - un endroit où il y a de



la lumière, de l'amour, tout à fait différent de



notre terre. Dans mon dernier souffle j'ai essayé,



en remuant ma queue, de lui faire comprendre ceci :



je ne voulais pas lui dire à elle



''Comment t'as pu ?''...



c'est à toi, mon Maître adoré, que je pensais.

Je penserai à toi et je t'attendrai toujours.
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